L’ANEF s’associe à d’autres associations pour interpeler Vincent Bolloré, propriétaire de CNews, sur des propos incitant à la violence envers les femmes tenus sur la chaîne par un journaliste.

Monsieur,

Le 2 mars 2018, le producteur Dominique Besnehard, interrogé par Jean-Pierre Elkabbach sur CNews, a déclaré à propos de la militante féministe Caroline De Haas  : « Quand je vois certaines journalistes qui disent “un homme sur trois est un prédateur’’… Caroline De Haas, là, j’ai envie de la gifler. »

Au lieu de se distancer de Dominique Besnehard, qui venait de faire allusion à une violence physique revendiquée, Jean-Pierre Elkabbach a semblé abonder dans son sens  : «Il n’est pas impossible que vous ne soyez pas le seul. Un jour ou l’autre il faudra qu’elle s’explique».;

Banaliser une violence physique contre une femme, sembler pactiser avec un agresseur potentiel sont des comportements machistes inacceptables et ce, quels qu’aient été les propos de Caroline de Haas.

Par ailleurs, celle-ci a malgré tout donné les explications attendues par Jean-Pierre Elkabbach dans une tribune de Médiapart. Elle affirme n’avoir jamais dit :”un homme sur trois est un prédateur”, mais seulement posé la question :« si une femme sur deux est victime, combien d’agresseurs nous entourent ? Est-ce un homme sur deux ? Un homme sur trois ? Je n’en sais rien. Je sais juste que c’est beaucoup. »

Ses propos ont donc été déformés, puis diffusés,  sans avoir été vérifiés au préalable.

Le moins qu’on attend de la part d’un journaliste est qu’il s’assure de l’authenticité des informations qu’il transmet.

Nos associations qui accueillent chaque jour des centaines de victimes de cette violence banalisée ne peuvent tolérer que votre chaîne s’en fasse l’écho, a fortiori sur le ton de la plaisanterie.

Nous vous rappelons que le 14 décembre 2017, France 2 a annoncé se séparer de Tex, en raison de sa plaisanterie sur une femme battue dans l’émission de C8 « C’est que de la télé », diffusée le 30 novembre.

Nous vous demandons donc,  au nom des associations féministes cosignataires, de sanctionner Jean-Pierre Elkabbach, qui a non seulement fait preuve de manque de professionnalisme, puisqu’il a rapporté et commenté des propos non vérifiés, mais qui s’est rendu coupable d’incitation à la violence contre une femme sur une chaine publique à une heure de grande écoute.

ANEF (Association nationale des études féministes), Chiennes de garde, CNDF (Collectif National pour les Droits des Femmes), FIT (une Femme un Toit), Osez le Féminisme !, 40 ans de mouvement